Justin Ebanda est un artiste multimédia, sa pratique est ancrée dans l'interpolation de ses expériences émotionnelles en tant que citoyen camerounais qui vit et travail entre le Cameroun et la France, dans une exploration culturelle et spirituelle de son héritage historique liée à la colonisation. Sa démarche artistique est motivé par la recherche et une prise de conscience de soi, d'une expression créatrice atypique et du développement d'un langage visuel qui articule de nouvelles façons de comprendre la possibilité libératrice de l'histoire coloniale du monde et précisément celle de son pays natal le Cameroun.
En tant que tel, le travail de Justin Ebanda est ambitieux et avant-gardiste. Ses peintures et ses installations, bien que initiées par un dialogue intérieur, cherchent à susciter des conversations avec le public tout en l'invitant à faire un voyage dans le passé à la recherche du temps perdu. Une manière de donner l'opportunité à l'histoire coloniale invisibilisée de se raconter sur « Son vécu » et sur « Du vécu ». Ses œuvres, en effet, sont fondées sur un engament qui vise à honorer et à enrichir la convenance de ce vaste champs qu'est la mémoire collective. Une recherche qui dépasse la question de l'immédiateté, de lyrisme et de l'émotivité humaine.
Un engagement qui tient son origine du choix de l'artiste à faire de l'art sa profession. Dans une famille dont les arrières grands-parents ont joué un rôle singulier aux cotés de l'armée française. Et d'un couple parental cultivateur qui n'a aucune connaissance de cette profession d'artiste et dans un pays où la vie des artistes est hypothéquée. Justin Ebanda métaphorise la colonisation par le tissu WAX (« la cire en français » encore appelé « tissu africain » est un textile de coton ayant reçu sur les deux faces un cirage lui conférant des propriétés hydrophobes) liant fréquemment son esthétique visuelle à des symboles de l'écriture esthétique africaine et à des postures autoritaire des colons mimétiquement reprise par des chorégraphes, ensuite les juxtapose à des studios fictifs. L'artiste embarque ainsi les regards dans la complexité des lieux communs aujourd'hui en questionnant la volonté très présente en Afrique et dans le monde, de l’invisibilisation et l’effacement de la mémoire collective et en y apportant une réflexion sur des symboles.